Les orphelins spirituels perdus dans le cosmos de Noël
Avez-vous déjà entendu parler de l’écrivain Walker Percy? L’auteur Philip Yancey, dans l’un de ses livres, a souligné l’importance de la contribution de M. Walker comme apologiste chrétien.
Après la mort de M. Walker, le Time Magazine de mai 1990 a mentionné : « Nommez une autre voix dans le monde de l’écriture américaine qui soit aussi envoûtante et pédagogique que celle de Walker Percy. »
Ce médecin et chercheur scientifique, devenu écrivain dans la quarantaine, a écrit des essais philosophiques et six romans populaires. Tous ses ouvrages abordent les thèmes de la désillusion et du désespoir qui prédominaient au 20e siècle.
Devenu chrétien tard dans sa vie, il a écrit sur l’espoir. L’élite littéraire voulait ignorer cet auteur et ses points de vue apparemment dépassés et pittoresques. Elle s’est ralliée aux points de vue moroses des géants littéraires comme Hemingway et Steinbeck. Elle n’a pu ignorer cependant le caractère brillant et irrésistible de son écriture.
Un jour, M. Percy a décrit cette réalité ainsi : « Le romancier chrétien d’aujourd’hui ressemble à un homme qui a trouvé un trésor caché dans le grenier d’une vieille maison. Cet auteur écrit pour des gens qui ont déménagé en banlieue, mais qui demeurent très nostalgiques de cette vieille maison et de tout ce qu’elle contient. » [Traduction libre.]
Dans notre culture, beaucoup de personnes ont quitté ces croyances du « passé ». Ils se sont ralliés aux points de vue « progressifs » qui se trouvent au sein des guerres culturelles de notre temps.
Selon moi, cela a également touché Noël. Notre culture continue de célébrer Noël, mais ne s’intéresse pas forcément à son origine. Et si vous vous distancez de votre Sauveur suffisamment longtemps, vous commencez à croire les mensonges que profèrent les gens à son endroit.
Walker Percy, dans l’un de ses essais intitulé Lost in the Cosmos, aborde l’un de ses thèmes préférés : l’humanité, cette orpheline perdue dans le cosmos. Il précise à cet effet :
« […] Comment pouvez-vous survivre dans le cosmos sur lequel vous apprenez de plus en plus et que simultanément, vous en connaissez de moins en moins sur vous-même? Malgré 10 000 ouvrages de croissance personnelle, 100 000 psychothérapeutes et 100 millions de chrétiens évangéliques? »
L’homme moderne ressemble à un naufragé sur une île déserte qui tente d’interpréter un message trouvé dans une bouteille, écrit dans une langue inconnue. Il ressemble à un prisonnier en isolement, qui tente d’entendre un code qui provient du mur de la cellule voisine.
Le fait que notre société ne proclame pas autant l’Évangile ni ne le saisit autant qu’auparavant n’enlève rien à l’immense valeur de son message : un enfant, né dans une crèche, est venu sauver l’humanité. Il s’agit du seul message qui apporte l’espoir et qui rassasie entièrement les cœurs affamés des âmes orphelines qui recherchent la paix.
John Donne, romancier du 17e siècle, a raconté le récit des premiers marins espagnols qui avaient atteint l’Amérique du Sud et avaient mis les voiles dans le cours supérieur du fleuve Amazonie. Ce dernier était si vaste que ces marins ont cru qu’ils naviguaient encore dans l’océan Atlantique. Il ne leur est jamais venu à l’esprit de saisir cette eau dans leurs mains pour la goûter. Ils auraient découvert de l’eau douce plutôt que l’eau salée. Ces marins sont ainsi morts de déshydratation.
Cette scène d’hommes morts de soif tout en naviguant dans la plus vaste étendue d’eau douce du monde entier constitue une métaphore qui décrit bien notre propre époque.
Notre famille et nos amis sont des affamés spirituels à l’agonie qui entonnent la musique de Noël présente dans tous les centres commerciaux : des cantiques de Noël qui célèbrent le Sauveur du monde. Si près, pourtant si loin.
Apprendre une nouvelle langue
Nous devons apprendre une nouvelle langue : cela nécessite de grands efforts. Il y a quatorze ans, j’ai passé trois semaines à étudier le français à l’Université de Montréal. J’étais épuisé. Et je me suis senti souvent comme un nouveau-né qui tente de communiquer. C’était parfois humiliant, mais c’est une expérience joyeuse, lorsque vous vous rendez compte que vous comprenez mieux et que vous pouvez répondre plus efficacement à vos interlocuteurs.
À Noël, apprenons à communiquer les vérités de Noël d’une manière nouvelle, dans une nouvelle langue. Celle qui n’est pas si étrangère à nos amis qui nous démontrent leur indifférence ou de l’exaspération lorsqu’ils sentent qu’ils constituent l’un de nos « projets » pendant cette période de Noël.