Le Canada est trop unique pour devenir un 51e état

D’amusantes conversations ces jours-ci surviennent à propos de l’idée absurde que le Canada devienne le 51e état des États-Unis. Un concept grotesque. Cette semaine, nous célébrons le 158e anniversaire du Canada. La plupart des Canadiens et des Canadiennes pensent que notre pays est vraiment extraordinaire. Plusieurs études concertées indiquent que beaucoup de gens aimeraient s’installer au Canada. Nous sommes uniques. Notre identité se fonde souvent sur le fait que nous ne sommes pas américains. Sommes-nous cependant véritablement uniques?
Eh bien, demandez à un Américain ce que sont un toboggan, une toque ou un sac à dos. Demandez ce qu’est un « jam-buster » [beigne à la confiture], un « bumper shine » [produit pour faire briller un parechoc] des « garbage mitts » [mitaines rembourrées] or un « matrimonial cake » [carré aux dates] [NDT] à un Manitobain. Demandez à n’importe quel Américain ce qu’est un « huard », un « Timmy », un « two-four » (une caisse de 24 bouteilles), les friandises « Crispy Crunch » et « Big Turk » ou les salles de bains. Il vous regardera, perplexe. Il y a quelques mois, à La Nouvelle-Orléans, j’ai demandé à une serveuse une « serviette » supplémentaire. Elle m’a jeté un regard ahuri. Je lui ai répondu : « Oups! Je voulais dire une serviette de table. » Demandez à quiconque en Saskatchewan où trouver Big Arm Bay, Eyebrow, Elbow, Knee Lake, Arm River, Head Lake, Skull Creek, Bone Creek, or Moosejaw. Tout bon citoyen saskatchewanais vous indiquera les nombreux endroits de leur province qui portent un nom de l’anatomie humaine. Demandez à n’importe quel Américain où se trouve la Saskatchewan… Bref, vous connaissez la réponse.
L’astronaute Marc Garneau est monté à bord de la navette spatiale Challenger en 1984 avec une rondelle et un bâton de hockey. Pour sa part, l’astronaute canadien Robert Thirsk et ingénieur du vol à bord du Soyuz TMA-15 en 2009, a apporté à bord son propre exemplaire de l’ouvrage Une abominable feuille d’érable sur la glace de Roch Carrier.
Le Canada est unique
Le point que je soulève, c’est que les nombreuses caractéristiques de la culture canadienne diffèrent de celles des autres pays et de celles de nos cousins du Sud en particulier. Comprenez-moi bien : je ne tente pas d’insulter les États-Unis. Je suis très admiratif de nos plus proches voisins. Cependant, je suis aussi très reconnaissant de la place unique qu’occupe le Canada dans le voisinage planétaire.
Comparons l’hymne national du Canada avec celui des États-Unis :
Si les Américains chantent : « Et l’éclair brillant des bombes qui éclatent dans les airs […] » nous, Canadiens, nous chantons : « standing on guard for thee » [Ton histoire est une épopée des plus brillants exploits.] [selon la version française de l’Ô Canada, NDT]». Un texte plus aimable, plus doux qui traite de la défense de notre pays. Quant à la puissance militaire, les États-Unis figurent au premier rang. À ce titre, le Canada, quant à lui, vient au 25e rang derrière les Philippines et l’Australie.
Les origines de l’hymne national américain remontent à 1814 d’après un poème intitulé « Defence of Fort McHenry ». Son auteur, un avocat américain, avait été témoin du bombardement de Fort McHenry par des navires britanniques lors de la guerre de 1812. Les Américains avaient remporté cette bataille.
Par ailleurs, le Canada avait créé et adopté son hymne national au moyen d’un consensus, des concours et des projets de loi. Une approche très canadienne, n’est-ce pas?
La musique et les paroles de l’hymne national du Canada ont été écrites en 1880 pour célébrer la fête de la Saint-Jean-Baptiste. À l’origine, selon la tradition, c’était un jour de jeûne pour commémorer la naissance de Jean-Baptiste. À l’heure actuelle, le 24 juin est un jour férié dans la province de Québec. Cette célébration officielle fête l’identité québécoise; elle est officieusement reconnue comme un « jour de déménagement ». Ce n’est qu’à compter de 1939 que notre pays a reconnu de fait le « Ô Canada » comme hymne national. Et il n’a été officialisé qu’en 1980. Il a fallu cent ans. Une approche très canadienne, n’est-ce pas?
Il a fallu plus de temps pour adopter les paroles anglaises de l’hymne national canadien. Une avalanche de concours dans les premières années du XXe siècle a présenté beaucoup d’autres compilations. Je lis certaines d’entre elles. Il est intéressant de noter que Dieu est présent dans la plupart de ces versions.
- Thomas Bedford Richardson, un médecin de Toronto, a écrit en 1906 :
Ô Canada! Terre de nos aïeux,
Ton front est ceint d’une couronne de feuilles rouges et dorées,
À l’ombre de la sainte Croix…
Dieu tout-puissant! Nous en appelons à toi… [Traduction libre]
- Par ailleurs, Ewing Buchan, directeur de la Bank of Hamilton à Vancouver, a écrit en 1908 :
Ô Canada, notre héritage, notre amour,
Tu es digne de nos louanges au-dessus de tous les autres pays ici-bas…
Aux côtés de la Grande-Bretagne, quoiqu’il advienne
De tout notre cœur, nous entonnons « Dieu protège le roi »…[Traduction libre]
- En 1909, c’est Mercy E. Powell McCulloch a remporté le concours de l’hymne national du Collier’s magazine avec ces paroles :
Ô Canada! Nous chantons tes louanges,
De l’écho des collines, nos hymnes retentissent fièrement…
Seigneur, Dieu des armées! Nous t’implorons maintenant,
Bénis notre terre chérie en ce jour et à jamais… [Traduction libre]
Devant l’échec de 14 projets de loi visant l’adoption de « l’Ô Canada » comme notre hymne national entre 1962 et 1980, le Parlement a finalement voté en faveur de l’adoption de la version de Robert Stanley Weir. Ce texte avait été écrit en 1927 pour le jubilé de diamant de la Confédération. Enfin, presque. Plus tard, le gouvernement a modifié trois strophes du texte original de Weir. Il a changé O Canada, glorious and free (Ô Canada, glorieux et libre) pour God keep our land glorious and free (Dieu protège notre terre glorieuse et libre.) [Traduction libre]
Je vous souhaite une merveilleuse fête du Canada ce week-end. Merci à Dieu pour le caractère si unique et béni du Canada. Réunissons-nous pour prier que Dieu regagne la première place dans le cœur des Canadiens et des Canadiennes, dans notre cri au Seigneur lorsque nous entonnons notre hymne national en ce premier juillet… Dieu protège notre terre, glorieuse et libre. Oui, Seigneur, voici notre prière.