Cybercarnet d'AIDE

Compte rendu de l’ouvrage

Quand aider fait du tort : comment réduire la pauvreté sans se nuire... et sans nuire aux pauvres

 

Auteurs : Steve Corbett et Brian Fikkert

 

Résumé

[NDT: les pages citées ci-dessous réfèrent à la version anglaise When Helping Hurts, How to Alleviate Poverty Without Hurting the Poor and Yourself.] Quand aider fait du tort met au défi l’approche des chrétiens d’Amérique du Nord concernant l’aide, qui peut ressembler à un pansement temporaire dépourvu d’effets durables. Cet ouvrage propose un changement approfondi et permanent. Ce livre se fonde sur l’aspect relationnel de la pauvreté plutôt que sur le manque de ressources matérielles. Par un cadre biblique, la racine de la pauvreté se redéfinit comme une détérioration des relations : avec Dieu, avec soi, avec les autres et avec le reste de la création. Le point de vue relationnel de la pauvreté produit une approche plus holistique pour aborder la pauvreté. Il comprend le fait de répondre aux besoins physiques, psychologiques, spirituels et sociaux de gens. L’œuvre du soulagement de la pauvreté traite de la réconciliation de quatre relations pour qu’elles fonctionnent en conformité avec les desseins de Dieu. Ce cadre permet une transformation mutuelle où « l’aidant » et « l’aidé » vivent la restauration dans ces relations.

Cet ouvrage souligne les trois étapes de l’aide : le secours, la réhabilitation et le développement. Ce livre décrit le principe fondamental suivant : procurer du secours au mauvais moment provoque plus de dommages que de bienfaits. Cette aide demeure temporaire plutôt que d’être une solution permanente. La réhabilitation ou le développement constitue la meilleure intervention. Et l’Église est encouragée à prendre en considération ces étapes pour apaiser efficacement la pauvreté. Les auteurs Corbett et Fikkert soutiennent que la démarche de réhabilitation et de développement devrait se centrer sur les forces et les atouts d’une personne et d’une communauté plutôt que sur leurs besoins seulement. Lorsque les gens se servent avec autonomie de leurs dons et de leurs compétences que Dieu leur a donnés, ils peuvent subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Ils peuvent contribuer à la collectivité et, en définitive, glorifier Dieu par leur travail.

Critique

Dans leur ouvrage Quand aider fait du tort, les auteurs Corbett et Fikkert traitent des aspects complexes de l’apaisement de la pauvreté de façon aisément compréhensible. Ce livre souligne le bien-fondé de principes qui s’appuient sur la grande expérience des auteurs et de leurs recherches considérables dans ce domaine. Steve Corbett s’est investi au sein d’une importante agence chrétienne de secours et de développement. L’arrière-plan de chercheur et de professeur de Brian Fikkert a façonné leur conviction de voir s’améliorer la vie des gens démunis. Ils ont ouvert la voie vers l’atteinte de cet objectif. Des questions figurent au commencement et à la fin de chaque chapitre, suscitent la réflexion. Des études de cas se trouvent tout au long de cet ouvrage. J’ai trouvé ces dernières utiles pour apprendre et mettre en pratique des scénarios tant pour mon travail à mon Église locale que dans ma vie. 

Quand aider fait du tort nous rappelle que même caractérisés par de bonnes intentions, nos efforts pour secourir les autres peuvent rater leur cible. Selon un point de vue matérialiste de la pauvreté, le complexe de dieu de « l’aidant » se perpétue. Le complexe d’infériorité de l’aidé se renforce, que ce soit intentionnel ou non. Ce complexe demeure particulièrement apparent dans le travail interculturel où la culture nord-américaine est confrontée à des valeurs différentes sur le temps et les relations. Ces différences, si elles ne sont pas prises en compte, peuvent affecter à long terme la réussite d’un projet. Des « suggestions » qui proviennent de gens de l’extérieur, peuvent exercer une très grande influence, ce qui incite à la prudence. Les auteurs S. Corbett et B. Fikkert présentent l’idée porteuse de culpabilité suivante : « À notre insu, nous réduisons parfois les gens pauvres à des objets pour répondre à mon propre besoin d’accomplir quelque chose… À la page 62, « l’objectif repose plutôt sur les gens et les démarches que sur les projets et les produits. » (page 77) En théorie, je suis sûre que nous serions tous d’accord avec cette déclaration. Nos actions par ailleurs semblent prouver le contraire. Si nous saisissions honnêtement l’aspect des personnes et des démarches de cet objectif, nous consacrerions plus de temps et de moyens aux démarches qui permettent aux gens de contribuer à leur propre rétablissement ou à leur propre croissance. 

 

Selon moi, les deux concepts les plus utiles décrivent le moment de la mise en place du secours, de la réadaptation et de la croissance ainsi que celui du développement des collectivités fondé sur ses atouts comme méthode de développement. Ces deux éléments ont joué un rôle d’importance dans notre travail comme partenaires à la Village Church. Ils nous ont aidés à choisir nos partenaires locaux et mondiaux. Ils nous ont aidés à décider l’établissement et l’envoi d’équipes de missions à court terme. Nous disposons d’un partenaire essentiel, centré sur les secours lors d’une crise. Nous avons stratégiquement choisi tous nos autres partenaires en nous fondant sur leur manière d’utiliser les moyens locaux et sur leur approche de développement relié à leur travail. Pour nos équipes à court terme, nous sommes sélectifs et n’envoyons que des équipes là où elles peuvent se joindre au travail à long terme par nos partenaires mondiaux qui entretiennent une relation continue avec notre Église. Nos formations avant le voyage missionnaire enseignent les concepts de relations brisées, de paternalisme, de transformation mutuelle et la démarche d’un apprenant fondé sur les atouts. Les membres de notre équipe ont été transformés lorsqu’ils ont compris cela et l’ont vécu au grand jour. Nous aspirons à réduire les réussites qui nous font bien nous sentir, nous les visiteurs. Mais qui à vrai dire, minent l’œuvre accomplie par les gens des environs et les ouvriers à long terme dans les endroits où nous nous rendons.

 

Message important à la personne donatrice. Vous jouez un rôle


essentiel à ce travail. Le type d’œuvre que vous choisissez de soutenir peut exercer d’importantes retombées sur l’implantation de changements durables et de longue durée. Votre don pour les secours peut produire des résultats immédiats ainsi qu’un formidable retour sur investissement. Il importe cependant de considérer le fait que les besoins perdureront et exigeront des moyens supplémentaires à moins qu’une autre approche ne soit adoptée. M.M. Corbett et Fikkert soulignent aux donateurs : « Les ministères de développement ont désespérément besoin de souscripteurs qui comprennent ce que signifie véritablement l’apaisement de la pauvreté : la réconciliation de quatre relations fondamentales. Ces donateurs sont prêts à financer cette longue et sinueuse démarche nécessaire pour y parvenir. » (page 233). J’adhère à leur point de vue selon lequel « le fait de créer le pouvoir de prise de décision chez le pauvre demeure vraisemblablement le principal retour de leur investissement. » (page 142).

Parmi tous les aspects positifs de cet ouvrage se trouve l’un de ses défis qui entourent l’apparente et vive critique de l’Église nord-américaine. Cet ouvrage montre comment le point de vue moderne nuit à la manière dont les chrétiens mettent leur foi en pratique. L’analyse m’a rendue hésitante à aider les gens dans le besoin, par crainte du mal possible et m’a fait m’interroger sur mes intentions d’accorder de l’aide. Cependant, en poursuivant prudemment ma lecture, il paraît évident que les auteurs préconisent une aide accrue et non pas réduite. Je retiens qu’il faut saisir ces questions difficiles pour réduire les complexes de dieu et pour élever tous les gens à son image. Cet ouvrage n’explique pas non plus comment aborder la réforme du système qui maintient les gens dans des situations injustes, ce qui semble une pièce manquante du développement communautaire.

 

À qui s’adresse cet ouvrage?

Aborder les questions humanitaires et celles qui touchent la justice dans les sphères locales et mondiales peut devenir une tâche compliquée. Par conséquent, cet ouvrage demeure utile à tout pasteur, dirigeant pastoral, dirigeant d’OBNL ainsi qu’au donateur. Il leur permettra de mieux s’investir dans la poursuite du bien-être des autres de manière à produire son éminent épanouissement. Ce livre convient aussi à la personne en proie à l’essoufflement de compassionnel et qui pourrait profiter d’un redémarrage sur la gestion de ce que signifie d’abord « accorder son aide à quelqu’un ». Si vous n’avez pas encore effectué un tel cheminement, procurez-vous ce livre et commencez à mettre ses principes en pratique sur la manière dont vous travaillez et accomplissez cela quotidiennement au grand jour.

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