Cybercarnet d'AIDE

Pourquoi la proclamation de l’Évangile comprend-elle la transformation du système judiciaire ?

Qu’est-ce que la justice biblique ?
Nous en parlons à l’occasion, dans ce cybercarnet comme dans nos communications lorsque nous faisons la promotion d’appels et de projets. Le dictionnaire Le Petit Robert définit la « justice » comme « la juste appréciation, reconnaissance et respect des droits et du mérite de chacun. Principe moral de conformité au droit positif. Pouvoir de faire régner le droit ; exercice de ce pouvoir. Autrement dit, il s’agit des systèmes conçus pour veiller à ce que les mauvaises actions entraînent des conséquences et à ce que les bonnes actions soient récompensées.
La justice biblique signifie alors que ces systèmes sont informés des vérités que renferme la Bible. La justice biblique demeure cependant beaucoup plus qu’un système de justice idéal. Elle comporte aussi le travail actif pour transformer les systèmes de justice actuels pour qu’ils apportent la liberté, la guérison et la justice aux opprimés.
Cette semaine, l’équipe d’AIDE a voulu vous communiquer certaines réflexions de Joash Thomas, directeur national de la mobilisation et de la défense de l’International Justice Mission (IJM) Canada, un organisme partenaire d’AIDE. Nous espérons que vous serez mis au défi et encouragés.

 


 

« Ai-je prêché l’Évangile? Ai-je prêché le Christ, crucifié et ressuscité? Quel est le lien entre l’Évangile et la justice? »

Il y a cinq ans, j’ai réfléchi à ces questions un soir après ma présentation dans une Église de Caroline du Nord.

Je venais de commencer à travailler à l’International Justice Mission (IJM) pour y diriger le travail de défense et de mobilisation dans la région du sud-est des États-Unis. Avant d’œuvrer à l’IJM aux États-Unis, je provenais du monde politique et j’avais fait partie de l’équipe de défense de l’IJM en Asie du Sud. Je comprenais donc bien le volet de la défense de mon travail.

Cependant, mobiliser des chrétiens et des dirigeants de tous les jours à prier, à donner et à devenir eux-mêmes défenseurs de la justice comme expression de leur foi en Christ était nouveau pour moi. Bien qu’il s’agissait là de mon travail, j’avais du mal à trouver les bons mots pour exprimer comment l’espoir que nous avons en Christ se met en pratique dans les systèmes de justices dysfonctionnels.

Comment la Bonne Nouvelle de Jésus peut-elle également demeurer la bonne nouvelle pour des personnes qui vivent l’injustice et l’oppression? Comment l’Évangile du Christ constitue-t-il de bonnes nouvelles pour des millions d’esclaves? Comment l’Évangile constitue-t-il de bonnes nouvelles pour les milliers d’enfants prisonniers de l’exploitation sexuelle en ligne aux Philippines dès maintenant? 

Ces questions me hantaient. Tant et si bien qu’elles m’ont conduit à poursuivre des études d’une double maîtrise en théologie systématique du Dallas Theological Seminary depuis maintenant quatre ans. Simultanément, au cours des cinq dernières années, l’International Labour Organization rapporte maintenant que le nombre de personnes touchées par l’esclavage moderne dans le monde est passé de 40 millions à 50 millions.

Soit une augmentation de 20 %, c’est-à-dire de 10 millions depuis les cinq dernières années, principalement causée par la COVID, les conflits et le changement climatique.

Ainsi, les mauvaises nouvelles entourant l’injustice ont empiré. La bonne nouvelle du Christ cependant continue d’être bonne. Et elle continue d’être bonne suffisamment pour effacer complètement les mauvaises nouvelles.

Jésus affirme dans Luc 4.18-19 (Colombe) :

« L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour guérir ceux qui ont le cœur brisé ; pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres ; il m’a envoyé pour proclamer aux captifs la délivrance, et aux aveugles le recouvrement de la vue, pour renvoyer libres les opprimés, pour proclamer une année de grâce du Seigneur. » 

Voici une question pour nous : Et si l’Évangile, la bonne nouvelle de Jésus, était véritablement et suffisamment bon comme l’affirme Jésus, pour accorder la liberté aux personnes démunies en captivité et vivant dans l’oppression? Je le crois.

Au cours des vingt-cinq dernières années, nos équipes de l’IJM à l’œuvre dans le monde ont aidé les autorités locales à secourir plus de 76 000 personnes de l’esclavage et de la violence. Aux Philippines seulement, par les partenariats avec AIDE et les Églises du Fellowship comme la Village Church, la Flamborough Baptist et la Community Fellowship Baptist, nous avons contribué au sauvetage de plus de 1 000 enfants de l’exploitation sexuelle en ligne.

Cependant, il n’est pas seulement important de soutenir les forces de l’ordre dans le sauvetage des gens de l’esclavage. Il importe également d’établir des systèmes de protection qui assurent avant tout d’assurer aux femmes, aux filles et aux familles de ne jamais être soumises à l’exploitation violente.

Le sauvetage et le rétablissement des personnes demeureront toujours prioritaires. Le renforcement et la transformation des systèmes de justice qui permettent à l’impunité et à l’injustice de survenir doivent également constituer une priorité pour l’Église. Parce que l’Évangile demeure ultimement une bonne nouvelle pour tous les êtres de la création, y compris nos faibles systèmes de justice. Parce que l’Évangile comporte des dimensions à la fois personnelle et cosmique.

En tant que Chrétien, nous accomplissons l’œuvre de transformer les systèmes de justice pour manifester à ce monde ce que Jésus accomplira un jour lorsqu’il reviendra pour l’établissement intégral de son Royaume juste. Ce Royaume où toute larme sera essuyée, où cessera toute oppression, où chaque enfant sera protégé contre l’exploitation sexuelle et où la justice de Dieu sera entièrement restaurée sur la terre comme au ciel.

Ce que Dieu a accompli pour Jésus à sa résurrection, il le fera un jour pour nous. Et ce que Dieu accomplira pour nous à la résurrection de la vie, il le fera à toute la création. Il l’exercera même aux systèmes de justice qui ne protègent pas contre la violence les personnes vulnérables sous leur garde à l’heure actuelle.

Alors, en tant qu’Église comment recherchons-nous la justice systémique? J’aimerais souligner trois prochaines étapes concrètes : Reconnaître, envisager et participer

Reconnaître :  Je raconte souvent aux pasteurs canadiens que pour permettre aux membres de nos congrégations de comprendre la bonté de la bonne nouvelle, ils doivent d’abord accepter l’étendue des mauvaises nouvelles dans le monde. Celles de l’injustice en particulier. L’IJM a réuni plusieurs témoignages et des rapports sur son site Internet (en anglais seulement). Ces derniers illustrent la réalité de l’exploitation sexuelle en ligne aux Philippines et le lien entre ce type de contenu acheté et visionné par des consommateurs canadiens.

Envisager :  Envisagez avec les dirigeants et les membres de votre Église comment Dieu appelle votre congrégation à se joindre à la lutte contre l’esclavage moderne avec AIDE et l’IJM : par vos prières, vos offrandes et la défense des personnes. Consacrez du temps à la prière pour discerner quelle sera la prochaine étape de votre participation à cet effet. Ce pourrait être la tenue d’un dimanche de la liberté. (Documentation en anglais seulement) Ou encore, organisez une collecte dont l’objectif est 10 000 $. Un tel objectif représente l’équivalent du financement d’une opération de sauvetage aux Philippines. Vous verserez les produits de cette collecte à l’appel à l’AIDE Ensemble pour la liberté.

Ou encore, par l’engagement financier de votre congrégation pour une ou deux opérations de sauvetage annuelles en devenant partenaire de l’équipe de l’IJM aux Philippines. Les partenaires de l’IJM sur le terrain reçoivent des requêtes de prière exclusives, du contenu sur la formation de disciples sur la justice ainsi que des rapports trimestriels. Ils auront de plus l’occasion exclusive de visiter le bureau de l’IJM avec lequel votre Église est partenaire. Pour vous renseigner sur votre partenariat avec un bureau de terrain de l’IJM, communiquez avec moi par courriel : jthomas@ijm.ca.

Participer :  Résistez à la tentation d’être « paralysé par l’analyse ». Prenez le temps d’envisager votre démarche, mais assurez-vous de passer à la participation. En effet, des millions de personnes attendent que votre Église participe à ce combat aux côtés de Dieu, d’AIDE et de l’IJM. Ainsi, après que vous ayez discerné dans la prière toutes ces occasions présentées auparavant, participez!

Jamais je n’oublierai ma rencontre avec Ruby, une survivante de l’exploitation sexuelle aux Philippines. Elle m’a raconté son histoire où un soir, captive dans son lit, elle s’est écriée : « Dieu, si tu existes, sors-moi d’ici! »

Le jour suivant, le personnel de l’IJM accompagné de la police locale est venu la sauver ainsi que quatre autres enfants. La participation de votre Église peut changer le cours des choses : que des enfants comme Ruby demeurent captifs ou au contraire, vivent la liberté que Dieu a toujours voulue pour eux.

Voici ce que mes études théologiques, notre travail à l’IJM et notre partenariat avec AIDE et les Églises du Fellowship m’ont montré concernant les Philippines : l’Évangile est en effet une bonne nouvelle pour les personnes opprimées. Et l’esclavage, un jour, prendra fin.

Cependant, pour y parvenir, il faut l’effort de chacun de nous tous, particulièrement celui de votre Église.

« Qu’ils sont beaux sur les montagnes, les pieds du messager de bonnes nouvelles, qui publie la paix! Du messager de très bonnes nouvelles, qui publie le salut! Qui dit à Sion : Ton Dieu règne! » Ésaïe 52.7 (Colombe)