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Entretien réalisé par Farrah Soliman du Fellowship à l’étranger avec Ken Jolley

Tour à tour missionnaire, pasteur et mentor au Fellowship à l’étranger, Ken Jolley y a consacré plus de 25 ans. Il se passionne pour que tous les gens comprennent la Parole de Dieu. Farrah Soliman du Fellowship à l’étranger s’est entretenue avec Ken sur ce que signifie le renforcement de l’autorité de la Parole de Dieu et du Saint-Esprit chez les gens ordinaires.

 

Farrah Soliman, du Fellowship à l’étranger : Parlez-moi d’abord de vous-même. Qui êtes-vous ? Qu’est-ce qui vous a emmené dans le monde des missions et où œuvrez-vous ?

Ken Jolley : J’ai démontré très jeune un intérêt pour les missions qui s’est amorcé à mon Église, dans ma jeunesse à Boston en Ontario. Mon Église soutenait activement les missions et les missionnaires. En effet, lorsqu’un missionnaire était en affectation au pays, les responsables de mon Église souhaitaient que ce dernier nous visite quatre dimanches d’affilée et s’occupe des classes de l’école du dimanche ! Ou encore, qu’il dirige les programmes estivaux de l’École biblique des vacances. Dieu a planté une semence dans mon cœur par ce genre de participation et par les récits des missionnaires. Voici cette semence : être missionnaire, c’est vraiment sympa. Ce n’est pas quelque chose qui m’effrayait. Dieu a planté cette semence, qui a crû et qui n’a cessé de s’accroître. 

Nous nous sommes retrouvés à Caracas au Venezuela, dans un contexte d’implantation d’Église pionnière parmi la classe supérieure au fil de l’établissement de l’Église évangélique qui ne s’était implantée qu’auprès des plus démunis. Si vous êtes déjà allée à Caracas à cette époque, il était évident que la moitié de cette ville n’était pas pauvre. Lorsque nous nous y sommes rendus, Caracas demeurait très prospère. Nous nous sommes donc retrouvés à implanter des Églises parmi les gens de profession libérale. 

Farrah Soliman : Le Mouvement Multiplicateur d’Églises (MMD) est devenu populaire et efficace parmi tous les groupes de personnes, quel que soit leur statut socio-économique. Pouvez-vous nous parler du MMD ?

Ken Jolley : Pour moi, le MMD n’est pas nouveau. Il demeure une expression nouvelle du moyen par lequel Dieu a toujours accompli son œuvre. Si vous comprenez simplement ce que Patrick a mené à terme dans les foyers d’Irlande, vous vous rendez compte que le MMD n’est pas une nouveauté. Son originalité ne repose sans doute pas sur l’objectif que nous avions. Elle comporte un vocabulaire différent que nous avons mis au point. Mais, il continue à s’appuyer sur les mêmes bases du renforcement de l’autorité de la Parole de Dieu et du Saint-Esprit chez les gens ordinaires. Le royaume de Dieu «vient» sur cette terre de cette manière. Et c’est ainsi que le mouvement se produit. Cette démarche traite du secours du sacerdoce des croyants par opposition à celui des pasteurs. 

Farrah Soliman : Amen. Voilà un bon lien avec ma dernière question. «La prière extraordinaire» demeure l’un des principes du MMD. Pouvez-vous témoigner d’une expérience de cette prière extraordinaire dans votre vie ?

Ken Jolley : Wow ! Je dirais que ce qui s’est produit par la prière extraordinaire est réellement arrivé : ce que Dieu a accompli demeure entièrement différent de ce que j’avais imaginé. Mes prières ont été exaucées d’une manière à laquelle je ne m’attendais pas. 

Lors de notre arrivée à Caracas dans notre premier appartement, ma femme et moi, nous nous demandions quels seraient nos voisins suscités par Dieu. Nous avions entendu une importante dispute dans l’appartement voisin du nôtre : des portes avaient claqué, des objets lancés et des cris. Très souvent après le coucher des enfants, ma femme et moi nous nous agenouillions dans notre salon pour prier pour nos voisins immédiats que nous ne connaissions pas. Nous savions que cette famille connaissait de graves difficultés. Il y avait de la violence, bien réelle.

Après quelques semaines, nous avons un peu mieux connu cette famille. Nous nous sommes rendu compte que ce couple était en fait divorcé. Leur situation économique les obligeait à demeurer ensemble dans cet appartement. Mais… Cette femme devait actionner un pêne dormant, installé dans la porte de sa chambre, pour empêcher son ex-mari de la violer. 

Pouvez-vous imaginer ce qu’ils vivaient ? 

Lorsque j’ai rencontré Béatrice pour la première fois, j’avais peur de me trouver en sa présence. Jamais je n’ai vu une personne exprimer une telle colère, une telle amertume, une rage semblable.  

Nous avons continué à prier pour cette famille. Nous avons cherché à atteindre ce couple et en résumé, Béatrice a été la première à s’asseoir avec nous pour lire les Écritures. Elle figurait parmi les quatre premières personnes à être baptisées et est devenue le cœur de l’Église. Béatrice a été transformée de manière extraordinaire. L’expression de son visage avait entièrement changé : sa joie débordait. Nous sommes parvenus à la sortir de cette situation. Elle débordait de joie, sa vie était transformée et c’était si évident. 

Six mois après son baptême, elle a reçu un diagnostic de cancer cervical. Une année plus tard, j’ai célébré ses funérailles, mes premières funérailles. 

Et j’ai éprouvé beaucoup de difficulté à accepter cette situation. Dieu et moi avons eu beaucoup de discussions difficiles à propos de ces événements. Parce que tout d’abord, nous cherchions à implanter une Église. Puis, vous voyez la vie d’une personne transformée ainsi, et comment Dieu l’a libérée de cet enfer qu’elle vivait sur terre. Et la joie ! Eh, Dieu, tu n’aurais pas pu te servir de cela ? Qu’est-ce que tu fais ? J’étais Habaquq, j’étais Job, je luttais avec les moyens employés par Dieu.

Je peux dire en toute honnêteté que je n’ai toujours pas la paix avec ces événements, avec ce que Dieu a fait. Mais je dois reconnaître que le témoignage que j’ai pu donner lors des funérailles de Béatrice et les gens qui ont témoigné de sa transformation, ses proches, sa famille, ses parents, tous l’ont reconnue. Et j’en ai parlé lors de ses funérailles et nous avons baptisé beaucoup de gens de sa famille, de ses contacts et d’autres employés de Béatrice.

C’est semblable au passage, vous savez, où Jésus dit : « Si le grain […] ne meurt […] ». Cela est devenu très intense pour moi et a produit beaucoup de fruits. Ainsi, je n’ai qu’à dire : « Dieu, j’ai confiance en toi. Tu savais ce que tu faisais. » Voyez-vous, voici ce que j’ai prié : voir des gens venir au Christ et établir une Église. Dieu a répondu à cette prière d’une manière à laquelle je ne m’attendais pas et que je ne souhaitais pas nécessairement. 

Mais c’est la manière dont il a répondu. 

De tous les plans stratégiques dont je disposais, je ne les ai jamais vus s’accomplir comme je les avais planifiés, mais Dieu avait quand même accompli quelque chose. Voilà mon récit sur la prière extraordinaire. 

Farrah Soliman : Merci, Ken.