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La réponse de l’Église au projet de loi C-7

Le 17 mars 2021, l’adoption par le Parlement du projet de loi C-7 en a fait une loi. Cette dernière modifie la Loi canadienne sur l’aide médicale à mourir (AMM), adoptée en juin 2016. Elle élargit l’accès à l’euthanasie aux gens qui ne sont pas mourants dans un avenir

« raisonnablement prévisible ». Elle supprime aussi certaines mesures de sauvegarde pour les personnes en fin de vie, comme les dix jours de réflexion avant leur décès par aide médicale. Ainsi, à compter de mars 2023, la loi sur l’AMM permettra le suicide assisté aux personnes souffrant uniquement de maladie mentale.   

Ces modifications exigent également la création d’un comité parlementaire qui révisera la loi sur l’aide médicale à mourir. Ce dernier étudiera des problèmes comme la mort par aide médicale aux personnes mineures matures, les demandes anticipées d’aide médicale à mourir, la protection des Canadiens handicapés et l’état des soins palliatifs au Canada.

Tous les groupes de personnes handicapées au Canada ont soulevé des objections au projet de loi C-7. La plupart des confessions de foi ont fait de même. À ce titre, le Fellowship a été signataire d’une lettre des confessions de foi à l’échelle canadienne, envoyée au gouvernement fédéral pour faire part de notre inquiétude. Même des experts des Nations Unies en droits de la personne ont témoigné de leur préoccupation. Ils ont déclaré qu’il « serait contraire aux obligations internationales du Canada quant au respect, à la protection et à la promotion du droit fondamental d’égalité et de non-discrimination des personnes atteintes de handicaps. » [traduction libre]

Malgré le déluge d’opposition et de demandes pour reformuler les amendements proposés, le gouvernement fédéral, avec l’accord du Sénat, a non seulement approuvé le projet de loi C-7, il a ajouté d’autres dispositions pour élargir sa portée. Beaucoup soutiennent qu’il est plus aisé d’accéder à l’aide médicale à mourir au Canada que de recevoir des soins palliatifs de qualité. Et que de recevoir du soutien social, particulièrement pour les Canadiens atteints de handicap, de maladie chronique et de maladie mentale. Devrait-il être plus facile au Canada de mettre fin à la vie que d’obtenir le soutien nécessaire pour la préserver ?

Au Parlement, l’adoption de ce projet de loi s’est faite avec très peu d’opposition. Les Canadiens vulnérables font face à de nouveaux risques ; les personnes atteintes de maladies mentales et celles qui sont handicapées peuvent choisir la mort plutôt que la vie. La vie est précieuse. La vie est sacrée. Les gens possèdent une dignité inhérente, quelles que soient leurs maladies ou leurs handicaps. Ils doivent savoir qu’ils sont aimés et qu’ils ne sont pas seuls. Quelle est la réponse de l’Église au projet de loi C-7 ?

J’ai accordé récemment un entretien à une journaliste du Christianity Today sur l’adoption du projet de loi C-7. Je vous invite à lire son article (en anglais seulement) pour en savoir davantage. Voici mes propos relatifs aux récentes modifications de ce projet de loi :

1. Aime ton voisin

Ceux parmi nous qui considèrent que la vie est sacrée doivent atteindre et soutenir délibérément leurs voisins, particulièrement les plus vulnérables dans nos collectivités. Nous devons témoigner de manière pratique et concrète l’espoir que Dieu suscite. Nous devons nous présenter à nos voisins handicapés ou atteints de maladie mentale et les assurer que saisir la vie vaut mieux que de succomber à notre culture de la mort sans cesse en expansion. Nous devons toucher des âmes avant que les gens croient qu’ils n’ont aucun autre choix que la mort hâtive.

2. Nouveaux ministères dans l’Église

Nos Églises locales doivent déployer ses efforts de proximité envers les personnes vulnérables de notre collectivité. Elles doivent développer une mentalité de communauté qui atteigne les aînés, les personnes handicapées, celles qui souffrent émotionnellement dans nos collectivités, tout autant que celles à l’intérieur de l’Église. Nos Églises pourraient considérer un partenariat avec des ministères chrétiens qui accomplissent déjà cette œuvre. L’une des Églises du Fellowship compte une aumônière du Fellowship qui agit comme infirmière et administre des soins aux membres de cette Église, comme aux gens de sa collectivité.

3. La protection de la conscience

Notre Fellowship d’Églises doit exercer des pressions sur les gouvernements provinciaux pour assurer la protection de la conscience de nos médecins, de nos infirmières, de nos pharmaciens et des autres professionnels de la santé. Ces derniers, pour des raisons religieuses ou de conscience, ne peuvent prendre part à l’aide médicale à mourir ni recommander des patients pour qu’ils l’obtiennent.

4. Politique des soins aux aînés

Nos Églises du Fellowship doivent exercer des pressions auprès du gouvernement pour qu’il adopte une politique de soins aux aînés affermie. La pandémie a montré que notre politique de soins de longue durée aux aînés laisse à désirer. Beaucoup de formidables soignants ont tant donné d’eux-mêmes pour prendre soin de nos aînés canadiens. Ils ont besoin de moyens supplémentaires pour accomplir ce travail. Au cours des premiers mois de la COVID-19, 69 % des gens décédés de la COVID étaient des aînés canadiens. En revanche, les autres pays occidentaux développés en dénombraient environ 40 %. Une révision sérieuse s’impose. L’Église peut y contribuer.

Le projet de loi C-7 favorisera véritablement beaucoup d’autres décès médicalement assistés. En Ontario, les décès médicalement assistés sont passés de 189 en 2016 à 5 631 en 2019. Pour tous ces Canadiens, la mort « raisonnablement prévisible » les attendait incessamment. L’adoption du projet de loi C-7 permet à beaucoup d’autres Canadiens, sans diagnostic de mort imminente, de choisir le suicide. Ces gens qui prennent la décision figurent parmi les plus vulnérables de notre société. Cette approche insolente de la vie finira par nuire à notre pays. L’Église doit répliquer.