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Qui fermera les lumières d’ici 2050 ? : chute de l’appartenance évangélique au Canada

Deux importants sondages récents révèlent les troublantes tendances actuelles au Canada.

L’Evangelical Fellowship of Canada (EFC) a publié les premiers résultats de son analyse sur les tendances nouvelles sur l’Église intitulée Church and Faith Trends analysis of Canada. Angus Reid a publié les résultats de son enquête sur l’opinion des Canadiens à propos de questions sociales comme l’aide médicale à mourir, l’égalité des genres et l’avortement.

Permettez-moi de vous transmettre certains de ces résultats ainsi que mes commentaires liés à leurs retombées possibles sur le ministère de l’Église locale au Canada.

Église et foi : les tendances au Canada selon l’EFC

Environ tous les cinq ans, l’EFC effectue un sondage sur les tendances de la foi dans notre pays. En août 2019, une enquête a été menée auprès de plus 5 000 Canadiens de plus de 18 ans. Elle traitait entre autres de l’appartenance religieuse et de la fréquentation d’une Église. Les uns après les autres, ces sondages démontrent les effets positifs ressentis sur la santé spirituelle et émotionnelle des gens qui fréquentent une Église et augmentent leurs dons et leur bénévolat. Quelles sont les découvertes de l’EFC?

  • L’appartenance au christianisme : la moitié (50 %) des Canadiens se disent agnostiques, athées ou spirituels sans être religieux. Voilà une forte hausse au cours des trente dernières années. À l’heure actuelle, il s’agit du plus important regroupement « religieux » au Canada. 43 % des Canadiens seulement ont indiqué entretenir une certaine forme d’appartenance religieuse chrétienne. Il y a quelques dizaines d’années, ce pourcentage se situait aux alentours de 75 %.

  • Fréquentation à l’Église : aujourd’hui, 11 % des Canadiens fréquentent un service religieux hebdomadaire, toutes traditions religieuses confondues, pas seulement chez les évangéliques. Une forte baisse par rapport à 67 % en 1946 et à 30 % en 1996. La génération plus jeune ne se donne-t-elle donc plus la peine d’aller à l’Église ? Cela ne semble pas être le cas. Parmi la « génération silencieuse » de 1925 à 1945, 62 % des gens ont indiqué qu’avant d’avoir atteint leur douzième année, ils fréquentaient une église chaque semaine. Ce nombre est passé à 19 % aujourd’hui. Quelles sont les tendances des autres Canadiens ?

 

Canadiens

Fréquentation hebdomadaire
à 12 ans

Fréquentation hebdomadaire aujourd’hui

Génération silencieuse de 1925 à 1945

62 %

19 %

Génération de l’après-guerre de 1946-1964

53 %

11 %

Génération X de 1965 à 1981

33 %

10 %

Génération Y de 1982 à 1996

26 %

11 %

Génération Z de 1997 à 2012

22 %

9 %


Source : http://www.faithtoday.ca/Magazines/2020-Jan-Feb/Not-Christian-anymore  (en anglais seulement)

Aucune fréquentation à un service religieux pendant douze mois, constitue la nouvelle norme au Canada. En réalité, au moins huit fois plus de Canadiens ne fréquentent aucun service religieux pendant une année donnée que ceux qui fréquentent de tels cultes une fois, deux ou trois fois par mois.

Parmi les Canadiens qui avaient fréquenté un service religieux mensuellement lorsqu’ils étaient âgés de 12 ans, plus des trois quarts d’entre eux les fréquentaient moins souvent aujourd’hui.

En 2015, j’ai entendu Reg Bibby, un sociologue canadien de confiance, aborder certaines tendances de foi et d’Églises actuelles au Canada. Il a indiqué que l’affiliation évangélique au Canada entre 1871 et 2011 s’établissait ainsi :

  • 1871 : 8 %
  • 1900 : 8 %
  • 1951 : 8 %
  • 2011 : 8 %

L’EFC a souligné dans son étude de 2015 que les évangéliques composaient 7,7 % de la population canadienne. Le sondage récent de 2019 a montré que ce nombre est passé à 6 %. Pourquoi cette chute si importante particulièrement après avoir compté 8 % de la population canadienne depuis la confédération en 1867 ?

L’EFC effectue plus d’analyses de ces données en ce moment. Nous devrons donc attendre la suite des choses. Se pourrait-il que ces tendances de l’affiliation soient liées aux mises en pratique différentes des gens  pour « aller à l’Église » aujourd’hui ? La technologie peut avoir déformé notre compréhension des véritables données sur les évangéliques au Canada, puisque bon nombre d’entre eux ne viennent pas à l’Église le dimanche matin.

Ces nouvelles ne sont-elles empreintes que de pessimisme ? Pas du tout. Le sociologue Rodney Stark a beaucoup écrit sur l’appartenance religieuse. Il a conclu que la religion ne se meurt pas. Ce besoin demeure. Ce qui change cependant, c’est la liste des « fournisseurs de religion ». L’histoire nous montre que les évangéliques ont été des innovateurs, des acteurs du changement, ont formé la subdivision de l’innovation de l’Église. Nous expérimentons, faisons l’essai d’approches nouvelles, assurons le maintien du message tout en expérimentant nos méthodes. Ces jours-ci, la culture effectue un virage à grande vitesse. Suivons-nous toujours la cadence ?

En définitive, Dieu s’est révélé par des moments de rafraîchissement, de redynamisation et de réveil lors de périodes de disette spirituelle. Rick Hiemstra, chercheur principal à l’EFC a souligné : « Dans sa souveraineté, Dieu est passé à l’action pour susciter un réveil dans le passé et nous devrions nous attendre à ce qu’il le fasse à nouveau. Assurément, Dieu aime le Canada tout autant qu’il aimait Ninive… »

Continuons d’aller de l’avant, les yeux fixés fermement sur Lui !