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Premiers pas pour tout formateur de disciples

Je me souviens très bien de ce moment-là : j’étais assis dans la cabine avant d’un traversier qui parcourait le détroit du Bosphore lors de mon retour du quartier européen d’Istanbul. Je me rappelle très bien avoir été seul dans cette cabine. Ce qui semble tout à fait improbable, compte tenu des 15 millions d’habitants de cette ville. C’est pourtant mon souvenir de ce jour-là. J’étais assis à bord de ce bateau, songeant à notre ministère, aux besoins criants de ce pays et aux nombreuses tâches qu’il restait à accomplir. La pensée suivante m’a alors habité : « Mon plus noble appel consiste à lui appartenir. » Pensée à la fois simple et profonde, bien que répandue, elle n’était de toute évidence pas comprise.

Parmi ces 15 millions de personnes, moins de 0,5 % d’entre elles se considéraient disciples de Jésus. J’ai entendu le Seigneur me rappeler que le fait d’être précède l’action. Homme orienté vers les tâches, s’inscrivant dans une culture également orientée vers les celles-ci, je trouvais plus facile d’accomplir des choses de l’Évangile que de demeurer immobile, en relation avec mon Père pour l’adorer. Je n’aurais jamais affirmé, pas plus que je ne le ferais maintenant, que je ne veux pas passer du temps avec Dieu. Mais je me détourne si facilement par tout ce qui doit être fait.

Nous amorçons le deuxième volet de notre parcours de ministère interculturel au Québec, Sara et moi. Je crois que nous avons besoin d’entendre à nouveau cette parole du Seigneur : « Sois d’abord à moi. ». Je pense également que la réconciliation d’une relation avec notre créateur demeure au cœur de l’Évangile, passant du statut d’orphelin à celui de l’enfant adopté. Nous voulons témoigner ces bonnes nouvelles incroyables qui transforment la vie de beaucoup de gens. Nous voulons saisir toutes les occasions d’accompagner les gens dans leur marche vers le Christ par les Écritures, pour qu’ils deviennent ses disciples, en mission avec Lui. J’ai dû me rappeler cependant que c’est à ses pieds que je dois commencer et poursuivre chaque jour. Ce n’est pas seulement la méditation matinale ou le temps consacré à celle-ci qui sont très importants et dont il est question, mais il s’agit d’un changement d’attitude et d’objectifs. Aller et s’investir dans l’œuvre de la moisson demeure indispensable. Simultanément, si nous sommes véritablement capables de saisir notre identité et à qui nous appartenons et comment cela définit qui nous sommes, alors l’activité qui en découlera sera beaucoup plus cohérente avec Dieu dans son être et sur sa manière de travailler.

Devant l’immensité de la tâche qui consiste à catalyser des mouvements de formation de disciples parmi les Québécois francophones, sachant que moins de 1 % d’entre eux se considèrent eux-mêmes comme disciples de Jésus, il s’agit assurément du rappel que les formateurs de disciples doivent d’abord et avant tout, être eux-mêmes des disciples. L’obéissance est fondamentale dans la vie du disciple, mais une telle obéissance ne constitue pas un code pour sortir et accomplir de bonnes et belles choses qui honorent Dieu. Le cœur de l’obéissance consiste à considérer Dieu en priorité dans notre vie. De l’aimer de tout notre être, non comme une tâche que nous accomplissions dans cette vie, mais bien une priorité qui devrait avoir préséance sur la réalisation de grandes choses pour Dieu.