Cybercarnet

La COVID-19 et les pleurs de Jésus

Le 1er mai 2020

20 h 17

Mon grand-père est décédé.

Il a été emporté subitement par une hémorragie cérébrale à Toronto en Ontario. Et moi, je me trouvais à Osaka au Japon.

Ses funérailles ont eu lieu le 5 mai dernier. Seules huit personnes ont été autorisées à y prendre part. Et moi, je me trouvais à Osaka au Japon.

Personne ne peut imaginer que la mort d’un être cher puisse être une expérience agréable. Un décès nous fait mal. Il est insensé. Il suscite des questions auxquelles personne ne penserait.

« Dieu, est-ce une blague ? Vraiment ? Il ne te connaît pas. Aucun d’entre eux ne te connaît. Pourquoi as-tu fait cela ? »

Animé de telles lamentations faites ici à l’autre bout de cette planète, je ressentais mon impuissance intérieure qui a cédé sa place à la colère et la confusion.

« Tu as permis à mon grand-père de mourir. Je ne peux même pas faire mon deuil avec ma famille parce que tu as permis à une pandémie de ravager cette planète. Pourquoi ? »

L’imposition par la COVID-19 de restrictions liées aux voyages assortie d’une quarantaine personnelle m’a empêché de me rendre là où je le désirais être, en compagnie des gens de mon choix. La torture du désarroi. Pour vivre ce deuil avec les membres de ma famille, j’ai dû recourir aux textos, au vidéobavardage et aux appels téléphoniques. C’était tout autre chose. Puisque je suis le seul chrétien de ma famille, je me suis senti obligé de me surpasser pour eux, d’être davantage que ce que j’étais forcé d’être. Comment expérimenteraient-ils le Christ si je ne suis pas là pour leur manifester le Christ en moi ?

D’une manière presque humoristique, Dieu sait bien comment aborder nos doutes et nos craintes.

Les funérailles ont été webdiffusées le mardi 5 mai à 13 h 30 à Toronto. C’est-à-dire le matin du mercredi 6 mai à 2 h 30 heure d’Osaka. Au petit matin, j’ai écouté le prêtre lire Jean 11.18-29, soulignement ajouté par moi :

 

« Or, Béthanie était près de Jérusalem, à quinze stades environ. Beaucoup de Juifs étaient venus vers Marthe et Marie pour les consoler au sujet de leur frère. Lorsque Marthe apprit que Jésus arrivait, elle alla à sa rencontre, tandis que Marie restait assise à la maison. Marthe dit à Jésus : Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. Mais maintenant même, je sais que tout ce que tu demanderas à ton Dieu, Dieu te le donnera.

Jésus lui dit : Ton frère ressuscitera.

Je sais, lui répondit Marthe, qu’il ressuscitera à la résurrection, au dernier jour.

Jésus lui dit : Moi, je suis la résurrection et la vie. Celui qui croit en moi vivra, quand même il serait mort ; Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?

Elle lui dit : Oui, Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde. Après avoir dit cela, elle s’en alla. Puis, elle appela Marie, sa sœur, et lui dit secrètement : Le Maître est ici, et il t’appelle. Dès que Marie eut entendu, elle se leva promptement et se rendit vers lui ; […] ».

 

Dieu était présent, révélant sa grâce et sa vérité à ma famille sous mon regard, moi qui me trouvais à des kilomètres. Il a pourvu à ce besoin.

Quelques versets plus loin, nous lisons : Jésus pleura.

Le Dieu qui a versé des larmes lors de la mort d’un ami proche pleure également avec ma famille. Nous avons perdu un mari, un père, un grand-père, un arrière-grand-père… Et un ami. Jésus, l’ami des pêcheurs, n’est pas loin de ma famille. Il ne se placera pas en quarantaine loin d’elle. Il les accompagne, qu’elle le connaisse ou pas.

Et même si je ne suis pas avec eux en chair et en os, les larmes du Christ demeurent la provision pour ma famille. Ce qu’une pandémie ne parviendrait jamais à anéantir.

 

Mention de source : Jésus pleura de James Tissot