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Comment la religion et l’appartenance ethnique touchent-elles les dons au Canada ?

Y a-t-il un lien de cause à effet entre la religion et le fait de donner ? Il est direct, semble-t-il.

En effet, un sondage en ligne de la firme Cygnus effectué en 2011 auprès de 4 200 donateurs canadiens, révèle que les moins de 35 ans, actifs sur le plan religieux ont donné en moyenne cinq fois plus que les donateurs du même âge qui ne l’étaient pas.

Une certaine madame Berger a dirigé ce sondage pour comprendre comment la religion affectait les dons auprès de causes « séculières ». Le modèle qu’elle a trouvé a fait écho à la recherche européenne dans ce domaine. À l’aide des données tirées de l’Enquête canadienne sur le don, le bénévolat et la participation (ENDBP) effectuée en 2000, voici ses conclusions :

  • Les Canadiens d’origine juive ont consacré 72 % de leurs dons à l’extérieur de leur synagogue.
  • Les Canadiens catholiques romains ont consacré 59 % de leurs dons à l’extérieur de leur église.
  • Les Canadiens protestants, les plus grands donateurs par ailleurs, ont consacré 25 % de leurs dons à l’extérieur de leur église.

Ce dernier groupe a doublé les dons séculiers des Canadiens sans appartenance religieuse.

Selon les données de Statistique Canada de 2019, 93 % des gens actifs sur le plan religieux avaient versé de l’argent à un ou à plusieurs organismes de bienfaisance ou à but non lucratif. Leur don annuel moyen s’élevait à 1 004 $. À titre comparatif, 83 % des donateurs qui fréquentaient les services religieux moins souvent ou pas du tout avaient effectué un don en 2010. Ce don annuel s’élevait à 313 $ en moyenne. En d’autres mots, la fréquentation à l’Église à la baisse constitue une perte pour le Canada.

Immigration et don

En se fondant sur le même rapport de 2010 publié par Statistique Canada, près de six personnes sur dix, soit 63 % des immigrants affirment qu’ils comptent sur les groupes confessionnels au Canada pour contribuer à former une collectivité et un réseau après leur arrivée dans notre pays :

  • Aide matérielle (emploi, endroit où vivre, cours de langue) :
    • 15 % provenant d’un groupe religieux confessionnel
    • 34 % où participe quelque peu un groupe confessionnel
  • ont trouvé un milieu et un réseau social :
    • 22 % provenant d’un groupe religieux confessionnel
    • 41 % où participe quelque peu un groupe confessionnel
  • ont découvert un foyer spirituel pendant leur transition au Canada :
    • 27 % provenant d’un groupe religieux confessionnel
    • 38 % où participe quelque peu un groupe confessionnel

Les immigrants découvrent que les lieux d’adoration ou des groupes confessionnels sont souvent les toutes premières et les plus importantes relations dans leur nouveau pays. Ces gens les accompagnent pour remplir les documents compliqués, composer avec les formalités administratives, réunir des fonds, trouver un appartement et les conduire à leurs rendez-vous tout en leur procurant un réseau de soutien pendant leur transition.

C’est ainsi qu’en toute logique, les immigrants constituent de généreux donateurs envers les organisations confessionnelles. Ils ont beaucoup plus tendance à donner à leur Église locale, leur mosquée, leur temple ou leur synagogue que les gens nés au Canada. En moyenne, ils versent une plus grande proportion de l’argent qu’ils donnent aux organismes confessionnels. Ils ont deux fois plus tendance à dire qu’ils versent de l’argent par obligation religieuse. (Source : 30 Years of Giving in Canada, Foundation Rideau Hall, Imagine Canada)

Pays d’origine des immigrants récemment arrivés au Canada en 2016 :

 

Immigrants récemment arrivés

100

Philippins

15,6

Indiens

12,1

Chinois

10,6

Iraniens

3,5

Pakistanais

3,4

Américains

2,7

Syriens

2,5

Britanniques

2,0

Français

2,0

Sud-Coréens

1,8

D’autres pays

43,7

(Source : Statistique Canada, Recensement de 2016)

Étude de cas de 2011 sur les dons en rapport avec la religion et l’immigration

Abbotsford-Mission: Vancouver’s Canuck Place Children’s Hospice. En un an, son objectif de 13 M$ a été atteint. Les contribuables d’Abbotsford avaient effectué un don individuel moyen annuel de 610 $. Ce qui est remarquable, étant donné que le modeste revenu moyen s’élevait à 46 490 $ par ménage. Par ailleurs, le don moyen canadien s’élevait à 260 $ par personne.

Demandez aux habitants d’Abbotsford pourquoi ils font preuve d’une telle générosité et beaucoup vous répondront qu’elle se trouve au cœur du « Bible belt » de la Colombie-Britannique. Données tirées d’un projet de recherche de 2014 par Outreach Canada mené à Abbotsford, ville qui comptait 95 églises. Des collectivités sikhes, musulmanes et juives établies de longue date à Abbotsford figurent également comme donatrices.

Voici les propos de Hugh Franklin de l’Abbotsford Food Bank : Il y a des organismes confessionnels ainsi que du multiculturalisme. Les gens proviennent de l’étranger et savent ce que signifie ne pas disposer de grand-chose au départ.

L’appartenance religieuse est à la fois un moteur et un indicateur du modèle de don effectué par le Canadien moyen, telle est la pensée à retenir. Doublée de l’ethnicité, c’est-à-dire les immigrants, alliée à la religion, pourrait signifier une générosité beaucoup plus vaste qu’il n’y paraît. Voilà un volet à prendre en considération lorsque nous analysons les dons au sein de nos Églises locales.