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Il y a de l’espoir pour le changement

J’exerçais mes nouvelles fonctions depuis sept mois en tant qu’accompagnateur de missions dans leur ensemble pour l’Ethiopian Kale Heywet Church lorsque le directeur de l’éducation théologique m’a demandé un service. Nous étions parvenus lentement à mieux nous connaître au fil de mes déplacements à intervalles réguliers en Éthiopie. J’aimais travailler avec lui, faisant partie de l’équipe des principaux dirigeants qui avaient pour tâche de renforcer le programme de la mission dans son ensemble de leur confession de foi qui compte 10 millions de membres. Serais-je disposé à donner une formation d’une journée et demie aux professeurs de leur collège biblique sur la manière d’inculquer à leurs étudiants leurs aptitudes à la pensée critique ? La pensée critique ne vient pas aisément dans le contexte de mémorisation en Éthiopie. Mon collègue éthiopien désirait que la formation soit dirigée par quelqu’un qui a grandi dans une culture favorisant cette habitude fondamentale.

Sept mois s’étaient donc écoulés et j’étais assis devant un groupe de vingt-cinq enseignants du collège biblique rassemblés pour suivre cette formation. Il s’agissait d’une question classique sur la pensée critique posée aux membres du groupe, le cas d’une situation hypothétique destinée à favoriser ce mode de pensée. « Il est trois heures du matin et deux jeunes femmes cognent chez vous cherchant un abri de manière urgente. Elles sont très effrayées. À l’écoute de leur récit, vous vous rendez compte que des policiers cherchent à les maltraiter. Vingt minutes plus tard, trois policiers armés cognent à votre porte, vous demandant si vous avez vu les deux jeunes femmes. Que ferez-vous et pourquoi ? » Les participants en petits groupes ont commencé à livrer leurs réponses. Un doyen respecté du collège biblique a répondu au nom de son groupe qu’il nierait avoir vu les jeunes femmes. « Alors, vous mentiriez ? » lui ai-je demandé. Au bout d’un long moment, il a répondu « oui ». Bien que ce soit une réponse habituelle devant un tel scénario, il était intéressant de souligner que ce doyen et dirigeant respecté se sente libre d’exprimer ouvertement son opinion aux membres d’un groupe de vingt-cinq autres dirigeants, dont certains beaucoup plus jeunes que lui. D’une certaine manière, un espace s’est ainsi créé où ils se sentaient libres de s’exprimer avec une franchise à laquelle je ne m’attendais pas. Les membres des autres petits groupes ont fait part de leurs réponses et des solutions alternatives devant ce dilemme moral ont été exprimées. Le jour suivant, le même doyen a reconnu véritablement qu’une meilleure approche, sans compromis à la vérité, pourrait être adoptée. J’ai été mis au défi tant par son humilité que par sa franchise ainsi que son désir d’admettre qu’il y avait une solution meilleure que celle qu’il avait offerte précédemment.

J’ai éprouvé parfois du découragement en tant qu’accompagnateur des missions dans leur ensemble pour cette vaste confession de foi africaine, me demandant si le changement était possible dans ce contexte. Je m’interroge. Cependant, des expériences comme celles-ci me donnent de l’espoir, fondé sur le fait que l’Esprit de Dieu est à l’œuvre de manière tangible dans la vie de beaucoup de dirigeants ici. Le changement pour les fins de son Royaume demeure très envisageable.